Mieux connaître bébé pour l’accompagner vers la marche ?

Mieux connaître bébé pour l’accompagner vers la marche ?

“La nature fait bien les choses” dit-on ou encore “les choses viennent en temps et en heure” ! Mais quelle est notre attitude pour ce qui est du développement de notre enfant, notamment pour accompagner bébé vers la marche ? Avec tout l’enthousiasme qui anime le cœur des parents, notre envie de “bien faire”, notre empressement à le voir progresser, ou encore notre excès de protection, nous avons parfois tendance à trop en faire ! Nous devenons sans en avoir conscience contreproductifs pour accompagner le bon développement moteur de notre enfant !

Dans l’esprit de ce que nous connaissons aujourd’hui comme la philosophie du “barefoot”, la pédiatre hongroise Emmi Pickler ( “Se mouvoir en liberté dès le premier âge 1970 ! ), propose le concept de “motricité libre“. Ses travaux sont appuyés sur l’observation de l’évolution de la physiologie de l’enfant, de sa motricité et du mécanisme de l’acquisition de la marche. Cette notion renvoie vers l’idée d’un développement autonome sans intervention parentale ou autre s’il ne présente aucun blocage, trouble ou pathologie.

En effet, la nature faisant si bien les choses, le bébé n’a nul besoin de l’intervention des parents ou grands-parents pour aller de lui-même vers ses premiers pas. Car s’il se trouvent des différences notables de rythme dans cette acquisition d’un enfant à l’autre, le mécanisme reste le même de manière générale. Ainsi la motricité libre suggère de le laisser faire par lui-même et à son rythme. Et surtout, ne pas sous-estimer ses capacités si on lui permet un environnement sécurisé qu’il peut explorer sans danger.

 

L’apprentissage de la marche chez l’enfant se fait par étapes bien précises.

Il existe trois grandes phases de développement selon les travaux de Michèle Forestier, kinésithérapeute de renom. Spécialiste de la rééducation pédiatrique, elle a réalisé un excellent travail de banalisation sur le développement moteur de la naissance aux premiers pas. L’objectif étant d’expliquer aux parents leur juste rôle pour accompagner bébé vers la marche.

• Découverte du corps : en position à plat sur le tapis ou au lit. Bébé découvre et bouge ses membres. Il s’agite et prend des jouets mais ne se déplace pas. “La position plat ventre est capitale : le bébé doit pouvoir poser sa tête et acquérir une musculature dorsale suffisante et un appui correct sur les bras.”

    

• Découverte de l’espace : premiers changements de positions (bébé se tourne sur le côté puis sur le ventre). Premiers déplacements au sol (rotations dos-ventre et ventre-dos, ramper vers l’avant, quatre pattes). “Le quatre pattes conduit le bébé vers la hauteur et apporte plus de tonicité.” Notions d’équilibre en se dandinant; découverte autonome de la position assise au sol.

       

• Découverte de la verticalité : bébé se redresse, maintient son dos en position assise. Puis il se tient à genoux et prenant appui avec ses mains se met en position de chevalier servant. Il se tient debout et tient, exerce son équilibre, se déplace vers le côté en s’appuyant sur un support, avant d’oser ses premiers pas.

          

 

“Une des premières liberté motrice du bébé est de pouvoir choisir sa position”

La maîtrise par l’enfant de chacune de ces différentes étapes est absolument nécessaire pour passer à l’étape suivante. Plusieurs semaines peuvent s’écouler entre deux acquisitions. Il est important que bébé puisse parvenir, se maintenir et sortir seul d’une position ! Il doit pouvoir effectuer ces “passages” par lui-même et les intégrer. La répétition, la diversité et la richesse des expériences motrices ne peuvent être que favorables au bon développement de son corps ! Il est important de leur créer un espace sécurisé pour ses explorations et le solliciter à travers le jeu mais sans excès non plus.

Selon les enfants, il peut y avoir un grand écart de rythme

Il est primordial de le laisser répéter et maîtriser chaque étape ! En effet, le développement moteur chez l’enfant va dépendre de

• la maturation du cerveau (immature à la naissance, il faut plusieurs mois à l’humain pour exécuter des mouvements de plus en plus précis, se maintenir dans une position et enfin se déplacer de manière autonome)
• des aptitudes personnelles de l’enfant (dont le potentiel est variable)
• de l’environnement et de l’attitude des personnes qui entourent le bébé (qui peuvent favoriser ou au contraire, gêner l’installation d’une bonne motricité)
• des expériences motrices de l’enfant.

Une fois que nous savons cela, quelle est la juste attitude à avoir pour accompagner bébé vers la marche tout en respectant son rythme ?

“Il vaut mieux mettre en valeur ce que bébé est capable de faire plutôt que de s’impatienter sur ce qu’il n’a pas encore acquis”.

Accompagner bébé vers la marche, c’est entrer en relation avec bébé au travers de :

• L’observation, l’encouragement et la valorisation
• Des sollicitations à jouer avec lui afin de stimuler sa motricité sans exagération ( En phase « découverte du corps » : on peut se positionner à ses côtés et lui présenter un objet/jouet, en douceur et avec des gestes lents.
• La création d’un espace sécurisé et familier pour qu’il se sente en sécurité dans ses explorations. Faire attention aux choses qui peuvent lui tomber dessus

Ce qui est à éviter :

• Le laisser trop longtemps dans un transat car ses mouvements seront limités
• Faire à sa place : le laisser attraper des objets par lui-même sans systématiquement lui mettre des choses dans les mains
• Le mettre en position assise ou debout tant qu’il ne sait pas lui-même sortir de cette position
• Trop le stimuler
• Solliciter un enfant qui n’a pas tous les acquis précédents
• Envahir l’enfant de jeux : cela peut l’effrayer
• Le placer dans un youpala : cela entrave les étapes du développement de l’enfant. Il sera mis en position verticale trop tôt. Cela retarde son autonomie et peut lui déformer les pieds. De ce fait, l’enfant n’acquiert pas la notion d’équilibre. Il ne tonifie pas ses bras. Cela ne l’aide pas à avoir une bonne appréhension de l’espace ce qui peut être source d’accident (dangereux en présence d’escalier)

 

Quels sont les bénéfices d’un bon développement moteur autonome ?

• Autonomie
• Connaissance du corps et bien-être corporel
• Connaissance de l’espace
• Travail de l’ensemble des muscles et des articulations
• Travail des yeux
• Confiance en soi, concentration
• Sécurité, travail de l’équilibre
• Meilleure relation parent-enfant, « Entrer en relation »
• Richesse des découvertes et créativité

Sources : Un grand merci à Michèle Forestier pour son œuvre, ses travaux, son livre “De la naissance aux premiers pas” et sa gentillesse pour avoir pris le temps de relire notre article !